Simulation multi-agent interactive: engager des populations locales dans la modélisation des socio-écosystèmes pour stimuler l’apprentissage social

Christophe Le Page (CIRAD)


Date
23 sept. 2022

Mes travaux ont pour but de renforcer les capacités des acteurs les moins favorisés des socio-écosystèmes à prendre part à des ateliers de concertation multi-acteurs. Ils reposent sur le postulat qu’une concertation effective demande un partage équilibré des différents points de vue des protagonistes. Pour partager des points de vue, il faut que chacun puisse exprimer le sien de manière intelligible pour les autres. En employant une démarche inductive, j’ai progressivement dessiné les contours d’une approche de modélisation participative qui positionne la simulation multi-agent interactive en vecteur de communication adapté au partage de points de vue sur le fonctionnement des socio-écosystèmes. Cette approche est implémentée en suivant les quatre étapes suivantes : i) constituer un groupe composé de 2-3 chercheurs pour élaborer une ébauche d’un modèle de simulation multi-agent proposant une représentation du système-cible stylisée, volontairement simpliste, et manipulable en mode interactif (les actions des agents sont décidées par les participants), ii) inviter un petit groupe d’acteurs locaux (une quinzaine de personnes) à un premier atelier pour « tester » cette première version et identifier tous les aspects nécessitant à leurs yeux d’être repris ou intégrés dans le modèle pour que celui-ci constitue une représentation du système-cible permettant de mettre en discussion une problématique formulée collectivement, iii) organiser une série d’ateliers de co-construction basés sur le test de la version actualisée du simulateur impliquant le groupe de co-designers composé des chercheurs et des acteurs locaux, iv) utiliser la version finalisée du simulateur au cours d’ateliers co-animés par un groupe réduit de co-designers auxquels sont conviés d’autres types d’acteurs pour « tester » (selon les principes énoncés au point ii) cette version. Initier le processus avec un objet intermédiaire de type empirique-stylisé prenant la forme d’une ébauche présente des avantages : on simule une complexité manipulable dont la forme générale est esquissée. On peut y trouver les grands traits de l’objet futur. L’objet est cependant clairement inachevé : il reste un important travail de façonnage et de perfectionnement progressif pour que l’objet acquière sa forme finale et devienne fonctionnel. Le flou et les imprécisions, propres à une ébauche, sont susceptibles de stimuler la collaboration transdisciplinaire.

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